Recherches
ATELIER LOGEMENTS VILLE DE MARSEILLE – CROA
Atelier organisé en 2022 au conseil régional de l’ordre des architectes avec la complicité de jeunes diplômées de l’Ecole d’Architecture de Marseille. Cet atelier réunit sur invitation les représentants de toutes les compétences requises pour la restructuration des quartiers anciens. Il fait suite à un travail de recherche diplômant que l’école a organisé sous la direction de Matthieu Poitevin à la suite de l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne.
Contexte / Cadrage
• Pourquoi cet atelier ?
• La réhabilitation du logement n’est plus une option.
Mais on ne réhabilite pas comme on construit, quand on réhabilite, on s’adapte. Au bâti existant et à ses habitants.
Et c’est là toute la difficulté pour les maîtrises d’ouvrages traditionnelles mais c’est aussi là tout l’intérêt pour faire du logement plus intelligemment que ce qui se fait dans le logement neuf.
Le quartier Noailles est central, c’est un quartier organique vivant et vibrant, habité et résistant difficile à soumettre aux méthodes et cadres traditionnels de la maîtrise d’ouvrage, pour preuve, la longueur et la complexité des démarches entreprises depuis novembre 2018.
• les prix qui augmentent (+9% par an ces 5 dernières années dans le centre ville de Marseille) font qu’on assiste alors non seulement, au départ des populations, à une perte d’identité mais aussi à la perte du sens premier de la ville : la res communis, l’usage commun.
Les règles qui surexploitent les villes aujourd’hui pour en faire des produits touristiques et financiers vont à l’encontre de leur usage commun. Cet espace où vous êtes a récemment accueilli une exposition « privatopia » qui montrait comment l’espace public marseillais s’est privatisé pour atteindre des records mondiaux.
• Pour reconstruire « aux normes », on finira par mettre tout par terre, les immeubles s’appuyant les uns sur les autres et les nouveaux immeubles ne seront pas fondés sur les mêmes altimétries, on va provoquer des dépressions sous les fondations existantes qui aggraveront les problèmes de tassements déjà observés en raison des altération des sols d’assise.
• La destruction-reconstruction aggrave notre impact carbone. Il faut savoir qu’1m2 de logement neuf produit c’est 1T de CO2 émise.
Pour un immeuble de 4 niveaux sur rez-de-chaussée (R+4) (environ 4 à 5 logements) sur une parcelle de 7mx15m (parcelle ordinaire du tissus marseillais) s’est construit avec 280 tonnes de matériaux. Il en faudrait 400 aujourd’hui, selon les normes actuelles, c’est-à-dire qu’il faudrait émettre 320 tonnes de CO2.
280 tonnes de matériaux qui ont été produits il y a plus de 100 ans mais qui aujourd’hui ne se valorisent pas plus de 50 000€ pour celui qui les apporte à la décharge. 100 ans de vie et de services rendus = 50 000€ de gravats jetés et plusieurs tonnes de CO2 émises pour la destruction puis la reconstruction.
• LA PEAU
La peau en architecture. Quelques idées et images produites pour répondre à l’invitation d’Amelia Tavella, architecte invitée de la revue IQD, juin 2023
Ma peau est cette limite fine et poreuse sensible entre mon corps et le monde, c’est mon baromètre qui me signale s’il fait bon être là ou s’il vaut mieux s’échapper. Il y a des espaces qui me font mal à la peau, je ne m’y sens pas bien alors j’ai froid ou trop chaud où je me sens à l’étroit comme dans un vêtement trop serré. Je me sens très mal dans les espaces de bureau dans lesquels tout est artificiel, de la moquette au faux plafond, les parois qui sonnent creux, les plénums qui dissimulent à la vue un fatras de gaines sales et laides.
J’ai besoin d’une peau pleine d’yeux ouverts vers le paysage, une peau qui protège du chaud ou du froid et laisse le paysage m’envelopper. J’adore la peau de la fondation cartier, elle me fait penser au rêve d’Yves Klein d’une architecture d’air et de feu pour seules limites, j’adore la peau translucide de la maison de verre sur laquelle passent les ombres des arbres, la peau du dôme de Buckminster Fuller que traversent les nuages, la peau d’une tente sous un ciel étoilé ou celle d’un échafaudage.
Alors, pour moi, la peau, en architecture, est plutôt à l’intérieur. L’architecture est cet exosquelette qui s’exhibe en façade et si possible met la peau à distance. C’est certainement un point de vue d’ici.
L’idéal, en architecture, serait une peau qui apparaît, change et disparaît. Une peau rideau, filtre ou voile l’été ou molleton, fourrure, ou tapisserie épaisse l’hiver. Peut-être parce que le confort est affaire de sensation plus que de performance et notre peau nous informe de son juste niveau. Je me souviens du livre de Lisa Heschong qui expliquait (en 1970) qu’on doit pouvoir habiter différemment en fonction des saisons, elle donnait alors l’exemple des maisons marocaines dont le toit sert de chambre à ciel ouvert la nuit et le patio couvert et humide rafraîchit les pièces le jour.